vendredi 3 juin 2016

Esclave de la route



T’sé quand tu embarques dans ton char le matin pis que tu entends à la radio : « Matin difficile pour les automobilistes. L’accès au pont est particulièrement congestionné. » On ne peut pas dire que ça commence bien la journée.

Tu prends une grande respiration, tu embrayes ton auto, tu prends ton courage à deux mains et tu te diriges vers le trafic. Advienne que pourra, il faut se rendre au boulot.

Puis, quand tu finis de travailler, tu entends : « Armez-vous de patience. La situation est particulièrement problématique à l’approche des ponts. » Tu pousses un soupir, tu es brûlée de ta journée de travail, tu hésites entre rire jaune, pleurer ou devenir folle.

Tu as une petite boule de stress qui se forme dans ton ventre. Tu as ta fille qui t’attend à l’école, le souper à préparer, les devoirs à faire, etc… Pas de panique, il faut y aller.

Pratiquer l’art du lâcher-prise. Tenter de devenir zen. Inspirer. Expirer. Écouter de la musique. Toutes les stratégies sont bonnes, mais pas toujours efficaces.

Au début, c’était juste quand il y avait un accident sur le pont que j’entendais ces phrases. Ou bien l’hiver quand il y avait une tempête de neige. Puis, c’est devenu un peu plus fréquent. Et il y a eu le festival du cône orange qui dure de mai à novembre. Et c’est devenu un peu plus fréquent encore.

Je suis déménagée sur la rive-sud de Québec, à St-Jean-Chrysostome, en 2003. À cette époque, je travaillais au 580 Grande-Allée à Québec, la bâtisse à côté du Dagobert pour ceux qui connaissent la ville. Je me levais à 7h. Je partais de chez moi à 8h20-8h30 le matin et à 9h, j’étais assise devant mon ordinateur.

Aujourd’hui, 13 ans plus tard, je travaille au 625, St-Amable, juste en arrière du 580 Grande-Allée. Je me lève à 6h. Je pars de chez moi à 7h30 et je m’assoie devant mon ordi à 9h. Une semaine sur deux, je dois faire un petit détour pour aller reconduire ma fille à l’école. J’arrive alors un peu plus tard. Oui, il y a des exceptions et des journées où ça va mieux. Je fais une moyenne ici.

Bref, le trafic a augmenté… de façon considérable au cours des 10 dernières années. Personne ne peut le nier. C’est devenu un réel problème dans la région de Québec. Cela ne fait plus aucun doute. Je parle de la traversée des ponts car cela est ma réalité quotidienne, mais la situation est tout aussi problématique sur d’autres axes routiers.

Quand j’entend des gens me dire : « Tu as seulement à déménager plus proche de ton travail » ou « Ah, c’est toi qui a choisi de rester sur la rive-sud », je fais maintenant la sourde oreille plutôt que de faire une crise de nerf. Il y a des choix qu’on fait dans la vie qui nous suivent pendant plusieurs années. Je suis dans cette situation. Je dois assumer, mais cela ne veut pas dire que je n’ai pas le droit de dénoncer.

Je n’écris pas ce texte pour me plaindre de mon sort. Je n’ai pas envie de faire pitié. Je veux seulement témoigner d’une réalité. La qualité de vie dans la région de Québec se dégrade au fur et à mesure que le trafic augmente sur les routes. Le système routier est désuet et ne suffit plus au nombre de voiture. Surchargé, il est complètement inefficace.

Je ne sais pas qu’elle est la solution, mais je suis maintenant convaincue que toutes les options possibles doivent être mises sur la table.

Un troisième lien Québec-Lévis ? À l’Est ou à l’Ouest de la ville ? Élargir le pont Laporte ou le Pont de Québec ? Ajouter des voies sur l’autoroute 20 ? Cesser de barrer des voies inutilement à certains endroits (pas besoin de bloquer la voie 1 km avant le chantier de construction !) ? Se doter d’un véritable système de transport en commun ?

Cependant, je ne crois pas que nous ayons des années devant nous pour en discuter. Il devient urgent d’agir. Rapidement, analysons les différents scénarios, prenons des décisions et agissons.

Je sais que ce type de dossiers demande mûre réflexion, études et budget important. Mais je ne peux pas croire qu’il n’est pas possible de s’entendre rapidement sur une solution et de réaliser les travaux à court terme. 

Le statu quo ne peut plus durer. Cela prend des élus qui mettront cartes sur table et qui penseront d’abord au bien-être de leurs citoyens.


Ma santé mentale en dépend, c’est certain ! Je ne dois pas être la seule !

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