vendredi 17 juin 2016

Plaidoyer pour une école actuelle


Le ministère de l'Éducation blâme les réseaux sociaux pour certaines « fuites » en lien avec des examens ministériels survenu en cette fin d'année scolaire. Pour en savoir plus sur cette saga, lisez le billet de Mario Asselin publié dans le Journal de Québec qui résume très bien la situation.

Voici une preuve que ce  « Ministère » est bien déconnecté de la réalité.... et malheureusement, cela ne date pas d'hier.

Pendant une dizaine d'années, j'ai collaboré puis été à la barre de l'infobourg, un site web d'information en éducation, ainsi que du magazine l'école branchée et plus particulièrement de son guide annuel des 500 sites web pour réussir à l'école.

L'objectif de ces médias étaient de faire la promotion de l'utilisation des technologies à l'école primaire et secondaire. En 2006, et j'insiste sur le 2006 - c'était il y a 10 ans, j'ai participé au guide Éduquer à Internet plutôt que censurer.

Des exemples de projets innovants dans les écoles, j'en ai vu défiler à la tonne. J'ai visité des classes branchées, j'ai témoigné d'aventures stimulantes, d'essais concluants mettant en scène les technologies.

La diversité de projets est aussi vaste que le nombre de classes au Québec et chacun avait sa particularité, son côté prometteur.

J'ai assisté à l'émergence des médias sociaux et échangé avec des enseignants précurseurs qui n'ont pas hésité à les utiliser avec leurs élèves.

Ils avaient saisi le potentiel de ces outils, la portée qu'ils peuvent avoir, l'ouverture sur le monde qu'ils peuvent permettre.

J'ai développé une profonde conviction que les technologies peuvent changer le monde en général (elles sont en train de le faire).

En 2009 (remarquez encore l'année), avec mon ami Clément Laberge, nous avons rédigé le Credo pour une école branchée.
Nous avons écrit que « l’implantation des technologies dans les écoles doit être guidée par la volonté de favoriser l’égalité des chances pour tous les élèves; qu’elle doit leur permettre de réaliser leur plein potentiel ».

Je l'ai déjà écrit et je le répète. Mon rêve est que « chacun ait accès à la technologie et puisse l'utiliser comme outil d’apprentissage et d’ouverture sur le monde ».

Bref, au cours de ces années, j'ai vraiment constaté qu'une utilisation intelligente et adéquate des technologies peut contribuer à la réussite et à la persévérance des élèves.

Et pourtant, il y avait toujours une absence remarquée. « Quelqu'un » qui ne semblait pas constaté la même chose que plusieurs acteurs du monde de l'éducation.

Oui, le « Ministère » était absent. Pas orientation. Pas de soutien. Pas de nouvelles façons de faire. Pas d'innovation.

Ce n'est pas parce que le « Ministère » a donné de l'argent pour que les ordinateurs et les tableaux numériques entrent dans les écoles qu'il a pris position en leur faveur. Ce n'est pas parce qu'il offre des sommes pour que les élèves en difficulté puissent bénéficier « d'outils d'aide technologique » qu'il a valorisé leur utilisation.

Chaque décision a toujours été en lien avec du matériel informatique tout simplement. Du contenant pur et simple. Rien dans le contenu. Pas de matériel pédagogique réinventé. Il n'y jamais eu d'orientation claire.

Les enseignants peuvent utiliser les technologies mises à leur disposition avec leurs élèves, mais ils doivent quand même atteindre tous les objectifs fixés dans les programmes et faire passer des examens traditionnels en fin d'année. Il n'est pas question d'enseigner autrement, d'apprendre autrement, d'évaluer autrement.

Le « Ministère » est une institution bien ancrée dans ces procédures et sa bureaucratie... du passé, qui ne rejoint absolument pas les élèves et les enseignants dans leur réalité quotidienne d'aujourd'hui.

On se retrouve, en 2016, avec des cafouillages comme ceux vécus dans les derniers jours, avec des façons d'évaluer complètement désuètes, avec des labos d'informatique que les élèves visitent une fois par deux semaines, avec des TNI qui ne sont pas utilisés à leur plein potentiel, avec des enseignants qui se battent constamment pour continuer de mettre sur pied des projets prometteurs en lien avec l'utilisation des technologies et surtout avec un « Ministère » qui fait fit de la réalité et qui continue de se mettre la tête dans le sable.
 
Il est grandement temps que le « Ministère » sorte de son ineptie et fasse  un « vrai coming out » en faveur des technologies en revoyant ses façons de faire. Entendra-t-il le message cette fois? Espérons qu'il arrive en 2016 avant 2020!

dimanche 5 juin 2016

Le ridicule ne tue pas

« On va commencer par se payer le SRB, pis on verra après si on se paye un 3e lien » - dixit Régis Labeaume dans le journal de ce matin. Et puis, de toute façon, d’après lui, la question du 3e lien est un faux débat et il est ridicule de penser à réaliser ce projet.

Est-ce qu’on peut appuyer sur pause un instant ? Figer le temps et réfléchir un peu ?

SRB ou 3e lien ? Cela semble devenu le duel de l’heure à Québec.  A-t-on vraiment besoin de voir les deux projets en opposition. Québec veut le SRB vs Lévis veut le 3e lien? Je ne pense pas qu’il faut le voir ainsi.

Selon moi, il faut d’abord se pencher sur la situation de la circulation routière dans la région et voir le tout dans un ensemble, pas séparément, ville par ville. C’est le développement économique de toute la région qui est concernée ici.

Ma ville, myself and I, c’est ce que j’ai cru lire ce matin.

Est-ce que les priorités de Régis Labeaume sont devenus la priorité de tous?

Il aurait décidé que le SRB était devenu la priorité numéro un dans la région de Québec?

Il me semble qu'un investissement de la sorte demande plus que la volonté d'un seul homme. Il s’agirait de l’investissement le plus important depuis de nombreuses années dans la région. Est-ce qu’on peut au moins en débattre un peu avant de décréter qu’on va le faire ? On vit en démocratie, il me semble. A-t-on pensé à consulter les citoyens dans tout ça ?

J’écris ça et je ne paye pas de taxes à Québec. Je suis une lévisienne qui traverse le fleuve à chaque jour pour aller travailler à Québec, pour une entreprise qui paie des millions en taxes à chaque année. Je vais aussi à Québec pour magasiner, manger et me divertir les samedis et dimanches. De l’argent, j’en dépense à Québec. Ah, et j’ai « ma place » dans le Centre Vidéotron, est-ce que ça me fait remonter dans l’échelle de valeur ?

En lisant les déclarations de Régis Labeaume dans le journal de ce matin, j’ai eu l’impression qu’il n’en avait carrément rien à faire de moi. Comme si les gens de Lévis étaient des sous-citoyens dans la région.

J’écris ça et en même temps, je me dis que ces propos sont tout aussi méprisants pour les citoyens de sa propre ville. Il aurait décidé de ce qui était bon pour eux, un point, c’est tout !

À la page suivante, dans le journal de cematin, Régis Labeaume saluait l’arrogance de Muhammad Ali…

Je ne sais pas encore si je suis pour ou contre le SRB, pour ou contre le 3e lien. Je suis encore au stade de me demander quelle serait la meilleure solution. 

La seule chose dont je suis convaincue, c’est que le ridicule ne tue pas ! Toutes les options doivent pouvoir être mises sur la table et analysés convenablement avant qu’on dépense des milliards pour améliorer la circulation dans la région.


Ce n’est pas parce qu’on sent qu’il y a urgence d’agir qu’il faut prendre n’importe quelle décision sans réfléchir ou pire, tenter d’en imposer une. 

J’espère seulement que quelqu’un aura la décence de s’en rendre compte et d’insister pour que le débat puisse avoir lieu !

vendredi 3 juin 2016

Esclave de la route



T’sé quand tu embarques dans ton char le matin pis que tu entends à la radio : « Matin difficile pour les automobilistes. L’accès au pont est particulièrement congestionné. » On ne peut pas dire que ça commence bien la journée.

Tu prends une grande respiration, tu embrayes ton auto, tu prends ton courage à deux mains et tu te diriges vers le trafic. Advienne que pourra, il faut se rendre au boulot.

Puis, quand tu finis de travailler, tu entends : « Armez-vous de patience. La situation est particulièrement problématique à l’approche des ponts. » Tu pousses un soupir, tu es brûlée de ta journée de travail, tu hésites entre rire jaune, pleurer ou devenir folle.

Tu as une petite boule de stress qui se forme dans ton ventre. Tu as ta fille qui t’attend à l’école, le souper à préparer, les devoirs à faire, etc… Pas de panique, il faut y aller.

Pratiquer l’art du lâcher-prise. Tenter de devenir zen. Inspirer. Expirer. Écouter de la musique. Toutes les stratégies sont bonnes, mais pas toujours efficaces.

Au début, c’était juste quand il y avait un accident sur le pont que j’entendais ces phrases. Ou bien l’hiver quand il y avait une tempête de neige. Puis, c’est devenu un peu plus fréquent. Et il y a eu le festival du cône orange qui dure de mai à novembre. Et c’est devenu un peu plus fréquent encore.

Je suis déménagée sur la rive-sud de Québec, à St-Jean-Chrysostome, en 2003. À cette époque, je travaillais au 580 Grande-Allée à Québec, la bâtisse à côté du Dagobert pour ceux qui connaissent la ville. Je me levais à 7h. Je partais de chez moi à 8h20-8h30 le matin et à 9h, j’étais assise devant mon ordinateur.

Aujourd’hui, 13 ans plus tard, je travaille au 625, St-Amable, juste en arrière du 580 Grande-Allée. Je me lève à 6h. Je pars de chez moi à 7h30 et je m’assoie devant mon ordi à 9h. Une semaine sur deux, je dois faire un petit détour pour aller reconduire ma fille à l’école. J’arrive alors un peu plus tard. Oui, il y a des exceptions et des journées où ça va mieux. Je fais une moyenne ici.

Bref, le trafic a augmenté… de façon considérable au cours des 10 dernières années. Personne ne peut le nier. C’est devenu un réel problème dans la région de Québec. Cela ne fait plus aucun doute. Je parle de la traversée des ponts car cela est ma réalité quotidienne, mais la situation est tout aussi problématique sur d’autres axes routiers.

Quand j’entend des gens me dire : « Tu as seulement à déménager plus proche de ton travail » ou « Ah, c’est toi qui a choisi de rester sur la rive-sud », je fais maintenant la sourde oreille plutôt que de faire une crise de nerf. Il y a des choix qu’on fait dans la vie qui nous suivent pendant plusieurs années. Je suis dans cette situation. Je dois assumer, mais cela ne veut pas dire que je n’ai pas le droit de dénoncer.

Je n’écris pas ce texte pour me plaindre de mon sort. Je n’ai pas envie de faire pitié. Je veux seulement témoigner d’une réalité. La qualité de vie dans la région de Québec se dégrade au fur et à mesure que le trafic augmente sur les routes. Le système routier est désuet et ne suffit plus au nombre de voiture. Surchargé, il est complètement inefficace.

Je ne sais pas qu’elle est la solution, mais je suis maintenant convaincue que toutes les options possibles doivent être mises sur la table.

Un troisième lien Québec-Lévis ? À l’Est ou à l’Ouest de la ville ? Élargir le pont Laporte ou le Pont de Québec ? Ajouter des voies sur l’autoroute 20 ? Cesser de barrer des voies inutilement à certains endroits (pas besoin de bloquer la voie 1 km avant le chantier de construction !) ? Se doter d’un véritable système de transport en commun ?

Cependant, je ne crois pas que nous ayons des années devant nous pour en discuter. Il devient urgent d’agir. Rapidement, analysons les différents scénarios, prenons des décisions et agissons.

Je sais que ce type de dossiers demande mûre réflexion, études et budget important. Mais je ne peux pas croire qu’il n’est pas possible de s’entendre rapidement sur une solution et de réaliser les travaux à court terme. 

Le statu quo ne peut plus durer. Cela prend des élus qui mettront cartes sur table et qui penseront d’abord au bien-être de leurs citoyens.


Ma santé mentale en dépend, c’est certain ! Je ne dois pas être la seule !